A l’aube de cette année scolaire, le SNALC tenait à vous souhaiter une bonne rentrée mais aussi à vous tenir informés sur les enjeux forts qui vont requérir toute notre attention. Le SNALC a – et aura – des positions claires sur ce que le Ministère prépare.
Table des matières
Avant Propos
Cet article rédigé sur notre site académique reprend certains thèmes du dossier de rentrée du SNALC National qui est plus complet.
N’hésitez pas à y jeter un oeil. Son sommaire peut vous intéresser car il est plus complet sur la revalorisation et les lycées professionnels.
Rentrée scolaire le 20 août : C'est n'importe quoi
Le SNALC a appris à se méfier des annonces à l’emporte pièce de notre président de la République sur l’école (https://snalc.fr/le-president-doit-arreter-son-stand-up-sur-lecole/). Mais celle d’une possible rentrée le 20 août nous fait à la fois monter la moutarde au nez et a fait naître un sourire narquois sur nos lèvres.
Pourquoi cette annonce nous a-t-elle fait sourire (ironiquement) ?
Dans son annonce, le président de la République parle de faire venir les élèves repérés comme étant en difficulté à partir du 20 août pour les aider. Cela montre une certaine méconnaissance d’éléments importants:
- Ce dispositif existe déjà dans un certain nombre d’établissements.
- Une partie des élèves en difficultés est encore en vacances à cette date.
- Une partie des élèves en difficultés tend déjà à rentrer après leurs camarades et manque la rentrée scolaire.
- Une partie des élèves en difficultés tend déjà à partir en vacances avant leurs camarades.
- Au final, si des parents refusent d’envoyer leurs enfants avant la vraie rentrée, que va-t-il se passer ? Ils recevront sans doute une lettre de la direction académique et seront, sans aucun doute, très affectés!
Bref, on peut sourire parce que cette annonce est stupide.
Pourquoi peut -elle néanmoins mettre en colère et (inquiéter) ?
Ce n’est pas parce qu’une idée est ridicule qu’elle ne peut pas germer et aboutir à quelque chose de dangereux.
Ainsi, bien que ce dispositif soit déjà en place existe çà et là, il peut venir à l’idée de nos dirigeants de le généraliser (on a déjà vu cela, malheureusement) et de contraindre les professeurs à être présents dès le 20 août pour quelques élèves.
Ce serait évidemment crétin parce que ce n’est pas en quelques jours que l’on va résoudre des difficultés qui remontent parfois très loin et parce que, pour les raisons invoquées plus haut, cette disposition risquerait fort de manquer une bonne partie de sa cible.
Ce serait évidemment crétin, mais cela ne veut pas dire que cela ne sera pas tenté.
Pour le SNALC, alors que nos salaires sont déjà insuffisants au regard de notre travail comme au regard de l’inflation, alors que notre pouvoir d’achat a chuté en 30 ans comme dans aucun autre pays de l’OCDE, ajouter du temps de travail d’une manière autoritaire et inconsidérée serait inacceptable.
Le SNALC s’opposera donc à toute mesure allant dans ce sens.
PACTE : C'est toujours NON
Le SNALC a été parmi les premiers syndicats à vous informer sur ce « dangereux bidule » et à vous donner des raisons de ne pas le signer.
Début juin, nous avertissions, à travers deux vidéos, sur les missions qui seraient retenues pour faire partie de ce fameux Pacte, dans le premier comme dans le second degré.
Début Juin, toujours, le SNALC communiquait sur les danger du Pacte pour la voie professionnelle.
Depuis, les textes réglementaires ont été publiés et ils viennent confirmer nos annonces. La note de service précisant ces textes va même au-delà de nos inquiétudes.
En substance, le Remplacement de Courte Durée est bien, dans le second degré, la priorité qui est censée être « choisie » par tous ceux qui souhaitent s’investir dans une autre mission.
Le Pacte induit bien de définir des sortes d’heures d’astreinte et un professeur qui refuserait un remplacement alors qu’il a signé le Pacte pourrait se voir exclu du dispositif.
Enfin, les chefs d’établissement n’auront d’autre choix que d’être zélés car ils seront contrôlés et surveillés. Le nombre de Pactes signés, les missions accomplies et le bon fonctionnement de l’ensemble devront faire l’objet de remontées très régulières. Il y aura même des contrôles inopinés.
La poursuite de l’Ecole « de la confiance », la poursuite de la contractualisation de nos métiers, en somme.
Il faut que ce bidule tombe.
Et le meilleur moyen pour y parvenir est clairement DE NE PAS SIGNER.
Lycée GT : De bonnes avancées mais encore du travail
Depuis la mise en place de la Réforme du Lycée Général et Technologique, le SNALC n’a cessé de dire que le calendrier ne tenait pas la route, que certaines épreuves ne pouvaient pas fonctionner.
Bien sûr, nous avons participé à de nombreux Groupes de Travail Ministériels au fil du temps et fait bouger certaines lignes (comme le fait d’avoir deux épreuves distinctes en HLP et d’autres définitions d’objectifs). Mais les évolutions les plus fortes étaient encore à obtenir.
Le nouveau Ministre a déjà assuré le SNALC que l’oral de Français allait changer. Il a, par exemple, accepté de revenir sur le nombre de textes à présenter. Mais nous tentons aussi de faire évoluer la partie entretien de l’épreuve qui nous pose problème.
Mais l’immense point positif concerne les épreuves de spécialité. Depuis la mise en place de la réforme du baccalauréat, le SNALC annonçait que positionner ces épreuves en mars était une erreur. Nous avions dit que si les élèves devaient connaître 80% de leurs notes d’examen en avril, les classes se videraient. Le Ministère nous avait répondu que nous avions une vision bien négative de nos élèves. Nous avions simplement dit que nous avions été des élèves nous aussi et que nous considérions juste normal que le fait de savoir à l’avance que l’on avait un examen pouvait être une source de démobilisation. Nos élèves sont des être humains, tout bonnement.
Au final, l’an dernier, notre enquête (https://snalc.fr/enquete-snalc-sur-les-epreuves-de-specialites/) a confirmé nos annonces et nous avons pu montrer au Ministre que le calendrier ne tenait pas la route.
Cela a-t-il permis le changement que nous connaissons aujourd’hui ? Qui sait ?
D’autres combats restent à mener et d’autres changements sont souhaitables. Le contrôle continu et le projet d’évaluation comme le Grand Oral restent des chantiers importants. Le SNALC ne lâchera rien.
Collège : Rien n'est clair, rien ne va
Depuis 2016, le SNALC le dit : il faut revoir le collège. Mais ce qui est mis en place aujourd’hui ne tient pas la route. Rien n’est cadré et aucune des mesures prises ne permettra de lutter contre les vrais problèmes.
- Soutien en sixième
Tous les élèves de sixième doivent participer. C’est inscrit dans leur emploi du temps, donc ce seront des heures postes pour les professeurs de collège. Mais pas que ! Ce serait trop simple. Le dispositif fait aussi partie du Pacte pour les professeurs des écoles.
Or, les professeurs des écoles n’ont pas que ça à faire. Ils ont leur classe, leurs cours à préparer et des missions qui dépassent largement le volume de 108 heures censé les couvrir. Vont-ils, Pour quelques dollars de plus, faire des trajets, préparer des activités, participer à des réunions plusieurs fois dans l’année pour faire, défaire ou refaire des groupes ? Pour l’heure, cela ne se bouscule pas au portillon et c’est tout à fait normal.
Donc, au final, on aura tous les élèves dans des groupes avec en face quelques professeurs de collège (les DHG ne sont pas extensibles à l’infini) et de rares professeurs des écoles. Ce sera donc du soutien à peu de frais et à groupes bien remplis. Bref, ce sera forcément peu utile.
Et, comble de la bêtise, on a supprimé une heure de cours de Technologie pour mettre en place un soutien censé permettre de pallier les difficultés venant du primaire.
Dit comme cela, ça peut encore passer.
Mais comprenez que ce qui était fait en cours de Technologie en sixième sera fait, en majeure partie, en CM1 et CM2. Donc, on charge la barque du premier degré pour pallier en sixième des difficultés venant du premier degré… Euh… Comment dire ? Sans doute aurait-il été plus judicieux de mettre des moyens dans le primaire pour que les élèves n’aient pas ces difficultés plutôt que de demander de faire encore plus de choses avec autant de moyens.
- Devoirs faits
Pour rappel, l’intérêt premier de devoirs faits est de pouvoir apporter des habitudes de travail à des élèves en les prenant en petits groupes. C’est justement les effectifs réduits qui permettent d’aider les élèves qui participent au dispositif. Le SNALC est plutôt favorable, d’ailleurs.
Mais, en sixième, Devoirs faits devient obligatoire pour tous les élèves. Par contre, la participation au dispositif fait partie du Pacte pour les professeurs.
On retrouve ici la même logique que pour le soutien en sixième. D’un côté, tous les élèves, de l’autre des professeurs qui auront signé le Pacte.
On peut donc s’attendre à des effectifs assez chargés, ce qui retirera tout intérêt à Devoirs faits.
- Découverte des métiers dès la cinquième
Il y a, en France, de plus en plus d’élèves en difficulté avec le français et les mathématiques – comme avec d’autres disciplines d’ailleurs – le Ministère décide donc de mettre en place la découverte des métiers, dès la cinquième. En soi, c’est déjà assez ridicule.
Oublions le fait que la classe de cinquième n’est clairement pas le meilleur moment pour découvrir des métiers, concentrons nous sur la mise en œuvre. Lors de nos discussions avec le Ministère, il était question que ce dispositif occupe deux heures dans l’agenda semainier de nos élèves. Le SNALC aurait été contre car cela aurait supprimé des heures disciplinaires pour un intérêt nul ou quasi-nul. Mais cela aurait eu le mérite d’une certaine clarté.
Au final, la note de service du 23 mai 2023 indique :
(https://www.education.gouv.fr/bo/2023/Hebdo21/MENE2312737N)
Le chef d’établissement intègre ces activités dans l’emploi du temps des élèves selon les organisations les plus favorables et le plus possible en dehors des temps d’enseignements.
En outre, ces activités comprendront des présentations de métiers dans les collèges, des visites d’entreprises et de lycées professionnels.
Encore une fois, en cinquième, c’est trop tôt. Mais, surtout, l’absence de cadrage clair peut donner tout et n’importe quoi.
Il y avait déjà, au collège, une tendance à rogner des heures pour le parcours santé, le parcours citoyen… là, on va ajouter des visites, des interventions de professionnels qui seront beaucoup plus chronophage que le Parcours Avenir. Et l’organisation sera l’apanage du chef d’établissement…
- Brevet des collèges
Auditionné, le SNALC a fait des propositions:
– Diminuer la part du contrôle continu tout en le décorrélant de l’orientation (utiliser les compétences pour le Brevet et pour l’orientation fausse légèrement l’évaluation)
– Conserver un oral mais en le faisant évoluer vers un objet plus disciplinaire et qui donne lieu à une rémunération cadrée nationalement pour les examinateurs.
Pour l’heure, rien ne bouge. Mais le Ministère, dans nos échanges, semblait favoriser la piste d’un glissement de l’examen vers des certifications. Et ça, le SNALC n’est clairement pas intéressé.
Bref, alors que beaucoup de choses vont se mettre en place dès la rentrée, tout est loin d’être clair.
Lycée Professionnel : Le combat intersyndical doit continuer
Evidemment, les professeurs de LP ne pouvaient échapper au Pacte. Mais, ils auront leur propre mouture.
Qu’en pense le SNALC ?
Etroitement liée à ce Pacte spécial LP, la réforme de la voie professionnelle qui va entrer en vigueur nous pose clairement problème.
Déjà, la précédente réforme avait largement affaibli le LP en mettant en place
la cointervention forcée (le SNALC n’est pas contre la cointervention lorsqu’elle est choisie et apporte quelque chose)
le chef d’œuvre qui n’est qu’un élément de communication chronophage et n’apportant que très peu ou trop rarement quelque chose à l’élève
les familles de métiers qui pour certaines n’ont aucun sens
les blocs de compétences qui ont affaibli les contenus des diplômes.
Cette même réforme avait beaucoup rogné sur les enseignement généraux, affaiblissant la culture d’élèves qui ont besoin de connaissances et d’outils pour être des citoyens à part entière et non simplement des travailleurs corvéables et jetables.
Là, avec la nouvelle réforme, ce sont les enseignements professionnels que l’on va affaiblir. C’est même tout le LP qui va se retrouver dans un système concurrentiel mais sans aucune arme pour lutter réellement contre la concurrence.
Enfin, jusqu’à ce que le Pacte et la contractualisation ne remplace les heures de service et les heures de poste pour diminuer les coûts ?
Pour toutes ces raisons, le SNALC veut faire tomber cette réforme et revenir sur la précédente. D’autres syndicats partagent les mêmes idées et promeuvent un enseignement professionnel de qualité.
C’est pourquoi nous avons inscrit et continuerons d’inscrire notre action dans une intersyndicale forte.