Ce mercredi 16 avril, la secrétaire générale de l’académie de Besançon réunissait les organisations syndicales pour leur présenter un dispositif expérimental. Deux collèges, celui de L’Isle sur le Doubs et celui de Rougemont le Château, utilisent le numérique pour dispenser des cours de lettres lorsque des professeurs sont absents et qu’il est impossible de trouver des remplaçants pour pallier les heures de cours perdues.
Deux professeurs ont créé un parcours qui peut s’étendre sur sept semaines et qui ne peut être pris qu’une fois par un élève. Il intègre une forme de classe inversée. Les élèves vont en salle informatique ou utilisent une classe mobile et sont sous la responsabilité d’un AED.
Si les équipes de Vie Scolaire sont débordées et ne peuvent dépêcher un AED pour le dispositif, le rectorat prévoit d’abonder en moyens.
L’idée qui nous a été présentée consiste à travailler à une extension, à un déploiement plus large du dispositif, voire dans d’autres disciplines.
Interrogée par le SNALC, Mme la secrétaire générale a précisé qu’il ne s’agit pas d’une commande ministérielle mais d’une réflexion au niveau de l’académie face aux difficultés de plus en plus importantes pour remplacer les professeurs absents.
L’avis du SNALC est clair et nous l’avons exprimé :
- Le Rectorat tente de pallier un manque de moyens, donc nous ne tirerons pas sur l’ambulance. C’est le Ministère de l’Education nationale, et plus largement l’Etat français, qu’il faut interroger. Trouver des pis-allers n’est pas résoudre le problème.
- Même si le Rectorat a eu des retours positifs de la part des deux établissements (chef, parents, élèves et équipes pédagogiques), il doit s’interroger sur les raisons de cette satisfaction. Pour le SNALC, des tas de raisons non pédagogiques sont à penser : les élèves peuvent être contents parce qu’il y a du numérique, les parents, les chefs et les équipes parce que les élèves font quelque chose, ne sont pas simplement en salle d’étude ou renvoyés à la maison plus tôt et donc seuls chez eux.
- Le SNALC met en garde contre le développement de pratiques où l’élève est placé « en autonomie » face à un écran. Des chercheurs en neurosciences ont montré que l’acquisition de connaissances et le travail mémorielle sont infiniment moins bons en l’absence d’une interaction physique et humaine. Même lorsque l’humain intervient via l’écran, l’interaction marque moins le cerveau.
- Le SNALC demande que le parcours proposé, et ceux qui pourraient être proposés à l’avenir, soit présentés aux représentants des personnels afin que nous voyions réellement de quoi il s’agit car, pour l’heure, nous n’avons qu’une idée sans sa réalisation concrète.
- Quoi qu’il en soit, le SNALC ne voit pas d’un bon oeil ce mode de fonctionnement qui tend à remplacer l’humain par l’outil. Sans être passéiste, le SNALC ne veut pas que l’Education nationale mette le doigt dans un engrenage. C’est dangereux et ça peut faire mal.